Papillon Amaryllis présent sur toute la colline du Mormont. Photo-d'Olivier Jean Petit-Matile

Comprendre l’occupation de la colline de Mormont

Vu de la Gruyère, d’aucun·e·s pourraient se demander pourquoi parler ici de la colline de Mormont, située à une cinquantaine de kilomètres. A mon avis, elle mérite que tout·e citoyen·ne hurle sa colère et sa peur face au géant Boufetou, le cimentier Holcim, un des gros émetteurs de gaz à effet de serre en Suisse avec ses 1’300’000 tonnes de CO2 émises selon les dernières statistiques de 2019.

La peur ? Oui, « parce que la maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre (…) et nous sommes indifférents. Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux », lançait Jacques Chirac en 2002 depuis Johannesburg. Ce à quoi Adam McKay ajoute sa vision de déni cosmique dans son film « Don’t look up ».

Les défenseur·e·s de la colline de Mormont, dont la richesse archéologique ne manquera pas d’attirer l’attention d’autres professionnel·le·s du 7ème art, vient nous rappeler que l’indifférence ne sauvera pas notre Terre qu’il faut bien appeler Mère Nourricière. Voilà pourquoi le 21 de chaque mois Graines d’avenir réunit ses membres et sympathisant·e·s pour lutter contre cette indifférence. Pour aider notre chère petite planète à respirer.

Papillon Amaryllis présent sur toute la colline du Mormont.
Photo d’Olivier Jean Petit-Matile

Petite, grande et riche

Comme la Terre, la colline de Mormont est belle. Elle est aussi riche. En 2006, les travaux des archéologues vaudois révèlent au canton et au monde entier que le petit sommet est « un site exceptionnel et d’un genre encore inconnu en Suisse ». Si cher lecteur et chère lectrice de ces lignes, tu avais raté l’histoire des motivations des défenseur·e·s de la colline, tu as ici les raisons de son occupation.

La colline est depuis bientôt 16 ans connue comme un sanctuaire celtique où les Helvètes ont pratiqué des rites étonnants. C’est donc une découverte vieille d’environ 100 ans avant J.-C. qui est à ce jour unique en Gaule. Pourquoi donc la laisser aux mains d’Holcim qui reconnaît lui-même l’importance du site par sa volonté récente d’alimenter la cimenterie du site à l’énergie solaire ? Les raisons manquent.

Pour Denis Weidmann et Gilbert Kaenel, archéologues qui ont analysé les fouilles à l’époque, la colline est reconnue pour son importance européenne pour l’étude de la religion celte. Si l’initiative pour sauver le Mormont aboutit et qu’on leur laisse le temps d’étudier tous les objets qui doivent encore être récoltés, il est clair que ce bout de territoire vaudois nous réserve encore des surprises sur la vie des Helvètes d’hier.

Voilà pourquoi, zadistes ou pas, nous avons le devoir d’aider à sauver la ZAD de la colline ou plus précisément la première ZAD de Suisse. Même condamné·e·s, ses occupant·e·s ont livré un message d’actualité et plein d’avenir pour la Terre: « Le recours aux matériaux biosourcés comme la paille, le bois, la terre ou la pierre comporte des avantages très importants. Il est donc urgent que des Suisses freinent leur gourmandise immodérée pour le béton d’Holcim».

Déo Negamiyimana

Sources

  1. Reymond J.-F., Le Mormont livre de très vieux secrets, Journal de Morges, p. 33, 29.9.2006
  2. https://www.youtube.com/watch?v=bkyxht6V0XM
  3. plaquette Le «sanctuaire» helvète du Mormont: https://www.nike-kulturerbe.ch/fileadmin/user_upload/Bulletin/2007/04/PDF/artikel_kaenel.pdf
Tribune libre – Colline du Mormont